La Chambre des Représentants des USA vote favorablement afin que les vétérans puissent accéder au cannabis médicinal

L'approbation de cet amendement marque un avant et un après en ce qui concerne la politique prohibitionniste du gouvernement des États-Unis. Dans certains États, tels que la Californie par exemple, la prescription et la vente de cannabis thérapeutique sont autorisées dans les centres spécialisés. Dans d'autres, tels que le Colorado, la commercialisation du cannabis est même autorisée pour un usage récréatif, cependant jusqu'à aujourd'hui, la loi fédérale n'avait fait aucun pas en avant dans ce sens, ce qui a donné lieu à la populaire « guerre du cannabis », un marécage dans lequel la légalité du cannabis a dérivé d'une grande confusion collective.

D'un côté, les lois d'état poussent vers la légalisation totale de l'« or vert », tandis que le gouvernement frêne ce processus et classe cette plante comme une drogue hautement dangereuse et addictive. C'est pourquoi l'approbation de cet amendement de la part du congrès fait une brèche vers un possible processus de légalisation au niveau fédéral.

Avec 233 votes en faveur et 189 contre, la Chambre des Représentants a approuvé cet amendement qui avait été préalablement accepté au Sénat, mais qui avait été rejeté l'année dernière par la Chambre pour seulement trois votes. « Nous sommes très heureux d'avoir pu laisser derrière nous cette politique dépassée et discriminatoire, qui se répercutait négativement sur la qualité de vie de nombreux vétérans » a déclaré Michael Collins, directeur de la Drug Policy Alliance's of National Affairs, « il est nécessaire de posséder toutes les options disponibles afin d'améliorer la santé de nos vétérans. Finalement le congrès a vu ce sujet avec sagesse, en permettant à ces personnes d'avoir les mêmes conditions que d'autres patients qui résident dans des États où l'usage médicinal du cannabis est déjà une réalité. »

Cet amendement, qui permet aux vétérans un accès égalitaire au cannabis médicinal, a été promut et mené par le républicain Earl Blumenauer. Une décision du congrès qui permettra aux médecins qui prescrivent ce type de traitement de ne pas être pénalisés comme jusqu'alors par la V.A (Veterans Administration). Une situation qui forçait les vétérans à devoir chercher leur traitement au cannabis hors du système médical conventionnel, par des processus qui étaient parfois compliqués et coûteux. Quelque chose de totalement inadmissible lorsqu'il s'agit de personnes gravement malades qui nécessitent une attention médicale urgente et de qualité.

« Aujourd'hui est un jour très important pour nous », déclare TJ. Thompson, un vétéran qui vit en Virginie et qui, depuis 2004, souffre d'un grave handicap qui l'empêche de réaliser ses tâches quotidiennes en toute normalité, « le congrès a reconnu notre droit à accéder à tous les outils possibles, en nous permettant de choisir le cannabis médicinal ». Cette mesure permet à la Veterans Administration d'autoriser ses médecins et autres centres à fournir à ses patients des recommandations, des prescriptions et une information sur le cannabis thérapeutique.

Une avancée qui suppose une grande amélioration de la qualité de vie de nombreux vétérans de guerre qui, à cause de différentes maladies et lésions, ont été forcés à avoir recours à des médicaments qui contiennent des opiacés pour palier leur douleur chronique. De nombreuses études prouvent que le cannabis aide à réduire la consommation de ce type de médicaments, ce qui pourrait être une solution au problème croissant d'abus et d'addiction à ces substances, qui s'est développé parmi les vétérans.

La reconnaissance de la part du congrès des États-Unis des propriétés médicinales du cannabis témoigne des changements qui ont lieu dans ce pays qui historiquement avait maintenu une politique prohibitionniste acharnée concernant le cannabis.

Actuellement aux USA, 25 états ont approuvé l'usage médicinal du cannabis dont trois qui permettent également son usage récréatif, avec la possibilité que la Californie en fasse partie en novembre. La décision est encore à prendre ; en 2010, la population californienne avait décidé que ce n'était pas le moment de franchir ce pas, néanmoins, si le modèle se décide enfin à changer, ce mythique état avec sa forte culture du cannabis pourrait devenir le plus pointu en matière légale de ce secteur, avec une concession de jusqu'à 17 licences. En effet, la Californie fut le premier état à ouvrir la voie vers la légalisation il y a 20 ans, et il est normal qu'elle envisage d'être de nouveau pionnière avec un des modèles les plus puissants et innovants à niveau mondial.

Un lent mais irrépressible processus américain vers la légalisation du cannabis qui se reflète également dans l'attitude des politiques. Lorsqu'avant la réponse était un non catégorique, maintenant s'ouvre un débat dans lequel même le propre président Obama reconnaissait en 2015 être favorable à la dépénalisation du cannabis, bien que contre sa légalisation. La candidate démocrate Hilary Clinton a également atténué sa position prohibitionniste malgré qu'elle ne soit pas pour sa légalisation.

Une révolution qui a commencé en bas de l'échelle puisque les initiatives populaires ont été celles qui ont entraîné la célébration de referendums qui ont modifié les lois d'état. Bien que la législation fédérale soit restée ferme et réciproque jusqu'à présent, inévitablement ces changements finiront par pousser à une réforme qui affecte tout le pays.

Un contexte légal changeant qui est accompagné d'autres facteurs qui font également fortement pression. Aux États-Unis, le maximum représentant du capitalisme à niveau mondial, le facteur économique est une variable dont il faut tenir compte et l'industrie du cannabis émerge avec la ferme promesse d'être le nouvel or du XXIe siècle. Cannabis signifie argent, et l'argent déplace les montagnes. Les entrepreneurs qui se sont associés à cette nouvelle activité sont nombreux ; les chiffres parlent d'eux-mêmes : en seulement six mois, après la légalisation du cannabis pour un usage récréatif au Colorado, cet état générait déjà 20 millions de dollars par mois.

Une nouvelle activité qui en plus naît avec un pain sous le bras, ici avec des bénéfices sociaux, puisqu'il semblerait que la légalisation du cannabis entraîne une baisse du taux de criminalité. En effet, nombreuses des détentions réalisées par la police ont un lien avec le cannabis, à Denver par exemple, les homicides ont présentés une baisse de 5% durant les quatre premiers mois suivant la légalisation du cannabis au niveau de l'État.

L'approbation de ce nouvel amendement est donc une brèche de plus dans la voie ardue mais constante vers la totale légalisation du cannabis. Un rêve, pour de nombreuses personnes, impensable il y a encore deux décennies et qui, au jour d'aujourd'hui, semble être plus proche que jamais.