Skunk, musique et troubles mentaux, le nouveau documentaire de Nosey

Dans ce documentaire, le producteur et célèbre rappeur Jammer est la personne qui dirige les débats. En plus d'être un des membres du collectif « Boy Better Know », c'est aussi un consommateur régulier de cannabis. À travers une série d'interview, Jammer essaye de savoir si l'usage abusif de la variété Skunk, avec son taux élevé de THC, pourrait impliquer un risque pour la santé mentale de certaines personnes, et plus concrètement pour les jeunes artistes du Grime, un style musical né à Londres au début des années 2000 et qui est rapidement devenu célèbre dans le monde underground anglais.

« Lorsque le mouvement Grime a surgi, tout le monde fumait de la Skunk, elle nous rendait plus créatif et nous aidait à produire notre musique ». C'est par ces mots que le rappeur résume l'ambiance qui régnait dans le mouvement musical underground londonien et la relation étroite entre les artistes du Grime et la Skunk.

L'augmentation du THC

Le début de l'auto culture en intérieur et l'apparition de la figure du breeder ont définitivement changé la composition de la plante de cannabis. Des variétés landraces cultivées en extérieur qui se consommaient jusqu'alors, nous sommes passés aux hybrides cultivés dans le but d'augmenter leurs taux de THC, le cannabinoïde qui donne au cannabis son effet psychoactif. Selon les affirmations du scientifique Guy Jones, une des personnes interrogées dans ce documentaire, les variétés consommées jusqu'à l'apparition sur le marché des hybrides contenaient entre 4 et 5 % de THC et environ 2 ou 3 % de CBD, qui se traduisait par un effet plus modéré et durable.

Avec l'arrivée de la Skunk, ce ratio THC/CBD a été déséquilibré : le THC a atteint des pourcentages de plus de 20 % alors que le CBD a conservé les mêmes niveaux. L'explication est simple car dans un contexte d'illégalité, le marché noir a cherché à augmenter l'effet psychoactif de la drogue afin de justifier son prix élevé. Quelles sont les conséquences de cette augmentation du THC dans l'effet produit par le cannabis ? Le CBD est un cannabinoïde possédant des propriétés antipsychotiques qui atténuent les possibles effets indésirables du THC, selon les affirmations de Jones, le CBD agit comme un « protecteur », en évitant le possible effet psychotique dérivé de la consommation de THC.

Un trafiquant de cannabis qui vend de la Skunk qu'il cultive lui-même en intérieur, un musicien de Grime qui affirme avoir souffert de problèmes mentaux à cause de la consommation abusive de cette variété et un producteur de musique ayant vécu de l'intérieur l'influence des drogues sur l'industrie musicale. Nous avons ici toutes les pièces d'un même puzzle que ce documentaire réunit pour nous montrer, grâce à un voyage au cœur du monde underground londonien, les dangers de la désinformation dans le domaine des drogues.

Un film qui aborde certaines questions comme le besoin d'éduquer les adolescents sur la consommation de cannabis, l'accès des jeunes à l'information nécessaire sur le produit qu'ils consomment et la façon dont cela peut avoir une répercussion sur l'organisme. Il ne s'agit pas de diaboliser la plante, mais plutôt d'offrir une information fiable et avérée. Comme nous l'assure le narrateur de ce documentaire : « Il est possible d'établir une bonne relation avec le cannabis, mais ce qu'il m'inquiète c'est plutôt le fait que les gens fument de la Skunk sans savoir. Nous devons nous connaître nous-même et nous éduquer dans ce sens, car toutes les herbes ne sont pas les mêmes et toutes les herbes ne sont pas bonnes pour tout le monde. »