- De nombreuses affirmations (souvent négatives) sont dites à propos du cannabis : qu’il cause de l’échec scolaire, que la légalisation augmente le nombre de consommateurs ou que cela génère des délits et de la criminalité.
- Cependant, ce ne sont que des mythes et des rumeurs encouragés par ceux qui s’opposent à la plante et à la légalisation.
- Dinafem a pu les analyser et les démentir avec l’aide d’un expert espagnol en la matière.
Les experts qui unissent leurs forces afin d'analyser les propriétés du cannabis et mettre en avant tout son potentiel sont de plus en plus nombreux. Leurs recherches font face aux habituelles théories conspirationnistes qui positionnent la plante là où elle ne mérite pas d'être. Ce sont les rumeurs et les nombreuses inventions qui nuisent au cannabis, en contribuant au prohibitionnisme et en semant des doutes chez les consommateurs.
Il y a quelques jours, Kevin Hill, psychiatre, expert en addiction à l'Hôpital McLean de l'école de médecine d'Harvard et auteur du livre « Marijuana » : The Unbiased Truth about the World's Most Popular Weed », a tendu une perche dans Reddit par laquelle il ouvrait la voie à toutes questions qu'on voulait lui poser à propos de la plante. En réponse à cela, il reçut certaines questions qui prouvaient le nombre important de doutes qui existait encore dans ce domaine et la nécessité qu'un expert les dissipe.
Avec cette même intention, Dinafem a parlé avec Josep Rovira Guardiola, directeur de la section des Drogues de l'Association « Bienestar y Desarrollo ». Rovira pense que le futur du cannabis passe par une réorientation des politiques de nombreux pays et par une réduction du nombre de consommateurs sanctionnés.
Il croit que la détention pour consommation personnelle sera progressivement acceptée et que de nombreux pays encourageront des modèles de réglementation jusqu'à arriver à un stade où « les preuves rendront impossible le fait de retourner dans le passé ». L'expert espagnol a répondu à nos questions sur les principaux mythes qui existent à propos du cannabis.
La consommation de cannabis cause-t-elle l'échec scolaire ?
Le professionnel explique que même s'il existe de nombreux mythes, il met en évidence celui qui lit sa consommation à l'échec scolaire. Il ne le fait pas, car il lui semble être le plus dangereux, mais car il se répète constamment. Il dit que même s'il peut y avoir une quelconque relation statistique entre la consommation et l'échec, cela ne signifie pas que ce dernier soit provoqué par son utilisation. De ce fait, « l'échec est prévisible chez la population scolaire bien avant que certains des garçons et des filles ne commencent à fumer ».
Par conséquent, cette relation revient à dire que ceux qui échouent dans leurs études vont consommer du cannabis, alors que cela n'est pas vrai. L'échec scolaire possède plusieurs causes et la relation entre ce dernier et l'herbe n'a jamais été référencée par des auteurs de prestige « et n'a pas non plus de visibilité dans les mémoires du Ministère de l'Éducation ».
La légalisation du cannabis augmente-t-elle le nombre de consommateurs ?
Un autre des grands mythes est celui disant que la légalisation attire plus de consommateurs. Rovira explique que même s'il existe peut-être une augmentation de ceux qui essayent l'herbe au début, rien ne permet d'affirmer qu'une plus grande disponibilité du produit mène à une augmentation de sa consommation. « Nous avons de plus en plus de preuves qui le démontrent ».
Il illustre ses propos par l'expérience des Pays-Bas, où l'accès à la plante par les adultes est possible depuis des décennies et où « leur taux de consommation n'est pas le plus élevé de l'Union européenne, que ce soit chez les adultes ou chez les adolescents ».
La plante est-elle une porte d'entrée à certaines autres drogues ?
Beaucoup, encouragés par les médias, pensent que consommer de la marijuana fait en sorte que l'on accède ensuite à d'autres drogues. Cependant, d'après l'expert, ceux qui consomment du cannabis ne vont guère plus loin lorsque l'occasion de consommer d'autres substances se présente à eux. De ce fait, il affirme que « la théorie de l'escalade est un mythe sans aucun fondement scientifique », car il n'existe aucun processus chimique qui fasse prendre d'autres substances à cause de la consommation de cannabis. La seule chose qui existe, dit-il, « est une probabilité et seulement une probabilité de cela en raison de contextes sociaux » et à cause du marché noir.
Provoque-t-il un quelconque type de psychose ?
L'expert explique que certains établissent souvent une relation directe de causalité entre le fait de consommer la plante et de développer une psychose. Si cela générait réellement des problèmes psychiatriques, alors « avec l'augmentation de la consommation que nous avons observé dans les années 90 et au début des années 2000, nous devrions avoir une proportionnalité égale dans l'augmentation de psychoses et cela n'a pas été le cas. »
Rovira dit qu'il n'est pas possible d'affirmer que ceux qui souffrent de ces problèmes développent une psychose après avoir consommé du cannabis. Il affirme que, souvent, ces personnes ingèrent du cannabis comme étant une façon d'atténuer leur mal-être.
Est-il plus addictif que l'héroïne ?
D'autre part, on dit habituellement que le cannabis est plus addictif que des drogues comme l'héroïne. L'expert affirme que cette affirmation est fausse, car seule une petite proportion de ceux qui fument de l'herbe pour le THC peut générer un quelconque type d'addiction. Dans tous les cas, cela est peu fréquent et suppose « une grande différence par rapport à la consommation d'alcool ou de cocaïne ».
De plus, en ce qui concerne le syndrome d'abstinence (les effets qui se produisent lorsque quelqu'un abandonne une substance psychoactive), il explique qu'il existe une certaine controverse, car ce sont des signes peu objectifs et des symptômes de type psychologique d'intensité modérée qui pourraient être attribués à la personnalité de l'individu.
Le cannabis augmente-t-il les délits ?
Au-delà de cela, la consommation de cannabis est souvent associée à l'augmentation des délits et à une hausse de la criminalité. Rovira pense que cette conception est une « bêtise » et que cela ne s'explique que par la stigmatisation et la criminalisation qui a été générée autour du consommateur, motivées par les politiques prohibitionnistes « et absolument éloignées de tout sérieux, de preuves et de bon sens ».
Peut-être qu'avec l'aide de l'opinion de ce type d'experts, il sera plus facile d'éliminer progressivement les préjugés qui entourent encore le cannabis. Et ce, parallèlement aux recherches scientifiques continues sur ses propriétés, qui seront d'une grande aide pour continuer à gagner des points dans la lutte contre les stigmates qui entourent cette plante.
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