Vous pouvez désormais investir dans des bons de cannabis, le mode de financement du parti cannabique de Navarre

Il y a quelques jours, Représentation Cannabique de Navarre (RCN-NOK) présentait sa liste au Parlement de Navarre avec l'intention d'obtenir un quelconque siège qui permette d'atteindre les objectifs du mouvement. Le mouvement faisait également connaître sa campagne électorale, qui sera financée par le biais d'une initiative jamais vue auparavant en Espagne: les « bonoporros ».

RCN-NOK est un petit parti qui est habituellement financé par des campagnes de « crowdfuning ». « Nous avons également demandé à des proches et à des amis de collaborer et nous nous impliquons personnellement », explique le candidat régional Ramon Morcillo à Dinafem. À cette occasion, ils ont pensé que la meilleure façon de financer leur activisme est de proposer « la vente de cannabis dans le futur ».

Le concept est simple: n'importe qui peut investir dans des « bonoporros » afin de les échanger par de cannabis réelle, légale et au prix de revient lorsque la plante sera légalisée. Si, maintenant, vous achetez 20, 30 ou 50 euros en « bonoporros », le parti cultivera du cannabis pour vous rendre l'investissement proportionnellement à ce que vous avez payé, lorsque le cannabis sera légalisé.

Morcillo explique que ce remboursement pourrait aussi bien se faire que le cannabis soit réglementée au niveau national que régional (même s'il croit que ce cas sera plus compliqué). Bien évidemment, indépendamment de la ville ou du pays où vous vous trouvez, bous pouvez investir dans des « bonoporros ». Bien sûr, vous devrez ensuite voyager jusqu'à Navarre afin d'obtenir vos dividendes.

« Notre demande consiste à ce qu'ils nous donnent un coup de main avec le financement et ensuite nous le leur rendrons », dit Morcillo, et il affirme que cet argent sera totalement destiné à l'activisme, à continuer à proposer des lois, à poursuivre les campagnes et à payer les conseils juridiques. La procédure à suivre est très simple et cela est spécifié sur leur site internet. Après l'avoir respectée, l'usager recevra les billets imprimés chez-lui (correspondants aux quantités qu'il aura apportées), qui seront celles remboursées par de cannabis dans le futur.

Pour les associations et les particuliers qui investissent des sommes supérieures à 100 euros, les billets seront personnalisés avec les motifs de leur ville d'origine. Pour ceux qui investissent plus de 200 euros, le parti enverra des bonoporros originaux et personnalisés ainsi que des autocollants à distribuer aux groupes associatifs. Les bonoporros originaux sont conçus avec des motifs floraux Navarrais, « mais si vous nous les achetez à Séville, nous vous ferons alors des billets représentant, par exemple, la Giralde », et même des billets comportant différents dessins accompagnés de la phrase « chanvre pour le futur, cannabis pour la paix ».

Si la réglementation tarde à arriver ou, pessimistes que nous sommes, n'a pas lieu, que se passera-t-il avec l'investissement des usagers ? Morcillo est certain que la légalisation se produira. « Elle est plus proche qu'il n'y paraît », affirme-t-il. Et, peut-être que ces « bonoporros » contribuent à ce qu'elle ait lieu plus tôt, notamment s'il est possible de financer une bonne campagne grâce à ces derniers. « Cela nous semble être une solution assez sympathique que les gens vont bien comprendre ».

Une solution qui n'est, cependant, pas unique au monde, et que les Navarrais ont copié du parti israélien Hoja Verde (Feuille Verte). Il s'agit d'une coalition de travail crée par le groupe Ale Yarok, qui demande la légalisation du cannabis depuis 1999. Au début de cette année, il a cherché des alternatives aux traditionnelles formes de financement pour sa campagne électorale. Par le biais d'une campagne de 'crowdfunding' ils demandaient aux usagers de participer avec l'objectif d'obtenir cinq sièges à la « Knesset » (le Parlement israélien) et de pouvoir, ensuite, lutter avec force, pour la légalisation du cannabis.

Le parti Hoja Verde promettait de rendre cette contribution économique, à chaque investisseur, sous forme de cannabis, une fois qu'ils auraient réussi à arriver au Parlement. Chaque investisseur obtenait un paiement en cannabis qu'il pouvait consommer librement si le parti atteignait ses objectifs.

Durant la première semaine uniquement, ils ont récolté près de 28 000 euros (31 000 dollars), ce qui était supérieur à leur objectif initial; et au moins trois personnes ont investi près de 2600 euros ( 11 500 Shekels), la limite fixée par la loi israélienne. Lors du récent rendez-vous électoral, le parti n'a pas obtenu de sièges au Parlement hébreu, même si au vu de la bonne réponse de ses usagers, il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils continueront à financer les campagnes avec leur aide jusqu'à atteindre leur objectif.

À Navarre, il y a encore de nombreux obstacles politiques et légaux à franchir, surtout en tenant compte du fait qu'il y a quelques jours, le Gouvernement présentait un recours en inconstitutionnalité qui a conduit à la suspension de la loi forale qui réglemente les clubs sociaux de cannabis. Cependant, l'initiative du RCN-NOK peut être une voie inspiratrice afin de commencer à faire les choses de façon différente et d'atteindre des objectifs significatifs dans la lutte cannabique.

En fin de compte, ils apprennent d'Israël, l'un des lieux ayant le plus d'activistes engagés et avec des experts, qui encouragent les importants projets de recherche liés au cannabis. Désormais, il faudra voir si d'autres partis espagnols souhaitent suivre les pas des Navarrais, et de quelle façon les usagers répondent à un investissement qui promet des bénéfices dans le futur.

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