lutte espagnole clubs cannabis

« Nous ne voulons pas de "coffee shops" »: les fronts de la lutte espagnole pour réguler les clubs sociaux du cannabis

  • La Catalogne, le Pays Basque ou Navarre sont quelques-uns des lieux en Espagne où le débat sur la régulation des clubs sociaux du cannabis a été initié au sein de leurs mairies et de leurs parlements. En plus de la négociation, ce qui intéresse le plus les activistes cannabiques est que le dialogue soit solide. L’heure d’être écouté est venue, après dix années de débats interminables.
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Ces jours-ci, malgré la «loi Mordaza» qui prépare le gouvernement de Mariano Rajoy qui est absolument contre la consommation de cannabis, le débat revient avec plus de force que jamais. Il n’est pas surprenant de constater que l’on compte environ 600 locaux de cette catégorie à travers toute l’Espagne.

Navarre: « Nous n’avons pas de loi propre pour réguler les clubs »

L’exemple le plus récent est celui de Navarre: son parlement vient d’accorder une initiative populaire visant à réguler les clubs sociaux du cannabis. Sur les six groupes présents à la Chambre, seuls le Parti Populaire (PP) et l’UPN (Union du Peuple Navarrais) se sont opposés à la mesure. De plus, un rapport des services juridiques de cette Chambre se positionne contre en considérant que Navarre n’a pas les capacités pour pouvoir réglementer ce sujet, et la question pourrait empiéter sur les compétences attribuées à l’État.

Ramón Morcillo, secrétaire général de Représentation Cannabique de Navarre (RCN) et initiateur de cette initiative populaire, explique sur ce blog que Navarre applique la loi étatique « à défaut d’en avoir une qui lui appartienne ». Mais il pense que cela peut être régulé sur le plan régional sans problèmes.

Si cette question s’avère problématique pour obtenir la régularisation des clubs, les activistes navarrais pensent proposer une loi pour contrôler le sujet sur le plan interne. Pour le moment, l’ILP (Initiative Législative Populaire) dispose de six mois pour obtenir 5000 signatures, s’adresser au Parlement et défendre la proposition devant les groupes.

Le Pays Basque se joint au mouvement

Avec l’objectif de réduire les risques résultant de la dépendance à la marijuana, la mairie de San Sebastian a adopté une ordonnance pour contrôler la création et la gestion de ces entités. Selon les propos, recueillis par ce blog, d’Iker Val., conseiller de la Fondation Renovatio, cela signifie reconnaître l’existence de ce type d’associations ainsi que la naissance d’une conscience de prévention.

Mais le Parlement basque est aussi en train d’étudier la façon de réguler les clubs au niveau général. Après trois années, l’instance a repris le chemin pour approuver une loi intégrale sur le cannabis qui régule ce secteur dans une communauté qui compte 77 associations et 100 000 consommateurs. Le dénouement sera connu prochainement.

Val explique également que le gouvernement basque est en train d’élaborer une nouvelle Loi sur les Dépendances qui spécifiera la manière avec laquelle ces lieux seront contrôlés. Mais les solutions réelles n’arriveront pas – si tant est qu’elles arrivent- avant 2015.

Catalogne: contrôler l’absence de contrôle

Dans le sillage de San Sebastian, Gérone est devenu la première ville catalane à adopter une ordonnance municipale – avec le refus du PP – dans ce domaine. La mesure établit des distances minimales entre les associations et les écoles ou les centres de santé. Elle régule également les horaires et y restreint l’accès aux mineurs.

La Catalogne compte près de 400 clubs de ce type (ce qui représente 40% des locaux sur le plan national) avec plus de 165 000 affiliés. La moitié de ces clubs sont situés dans la ville de Barcelone. Cette dernière commence à être connue comme étant « le nouvel Amsterdam » à cause de la prolifération de ce type de clubs et à l’attrait du tourisme cannabique. C’est pour cette raison, et devant le « je-m’en-foutisme » de la Generalitat, que le conseil barcelonais s’est engagé à préparer un protocole de régulation qui devrait être prêt avant le mois de juin.

Pour cette même raison, la mairie de Castelldefels a supprimé l’attribution de licences pour l’installation de ce type de locaux. Elle prétend analyser en profondeur l’activité qui s’y développe actuellement et travailler, aussi, sur un plan réglementaire.

Depuis, la Generalitat a fait part, fin 2013, de son intention de convenir d’une initiative de régulation, soutenue par le Ministère de la Santé qui considère également que la non-régulation s’accompagne d’un risque élevé.

La Communauté de Valence: « Nous voulons que la Generalitat nous écoute »

Le 30 avril passé, des associations cannabiques d’Alicante et du parti Izquierda Unida (Gauche Unitaire) ont présenté une ordonnance de ce type à la mairie d’Alicante par laquelle ils prétendaient en faire la troisième ville espagnole à approuver une ordonnance de régulation des clubs. Cependant, et bien qu’ils comptaient sur le soutien de l’UPyD (Union, Progrès et Démocratie) et du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol), une nouvelle réponse négative de la part du PP (Parti Populaire) a entrainé le refus de la proposition.

Le prochain pas sera de « mettre en place une table ronde avec des groupes politiques et des associations afin de continuer à travailler » a expliqué, sur ce blog, Antonio Moreno, président de Alacannabis. Moreno a souligné que la situation au sein de la Communauté Valencienne est réellement compliquée à cause du refus continu du PP à propos de tout ce qui concerne la politique cannabique.

C’est pour cette raison que les trois villes veulent créer une fédération du Soulèvement qui force et arrive à obtenir que des politiques positives soient encouragées, que ce soit à Castellon ou à Valence. « Nous voulons arriver à la Generalitat et leur dire que nous sommes 30 associations et que nous représentons 60 000 consommateurs qui veulent être écoutés ».

Baléares: un nouvel élan

Les activistes des Baléares ont également présenté le 14 février, devant le parlement Baléare, une demande institutionnelle. Ils ont aussi demandé la création d’une commission afin de débattre et d’analyser la situation ainsi que la mise en place d’une table ronde pour étudier la réalité de l’industrie. Sept jours plus tard, cette demande était reçue. 

La nécessité de réguler ces clubs devient de plus en plus évidente. Mais mises à part les communautés qui sont nombreuses, rares ou inexistantes, certaines sont engagées dans un processus sérieux. David Rabé, secrétaire de la Fac (Fédération des Associations Cannabiques), a assuré que les premiers pas visant à initier le débat ont été approuvés là où il n’y a pas de majorité populaire. « Le PP continuera à voter contre à propos de ce sujet, à moins que nous travaillions afin de former des parlementaires populaires pour qu’ils se rendent compte que cela est une chose positive », a-t-il expliqué.

Barcelone et San Sebastian ont imposé le mois de juin prochain comme date butoir avant laquelle une décision concernant les politiques de leurs clubs devra être prise. Lorsque tout s’éclaircira, le plus intéressant apparaitra : l’élaboration d’une réglementation spécifique qui établit les règles du jeu », pense Rabé, instamment de demander que ce phénomène soit pris au sérieux, car en Espagne personne ne veut le même modèle qu’en Hollande. « Nous ne voulons pas de « coffee shops », nous voulons des clubs contrôlés avec une gestion transparente sur les activités qui y sont réalisées ». 

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02/06/2014

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