- Maintenant que tous les citoyens du monde se mobilisent pour la légalisation du cannabis, les Allemands ne pouvaient pas ne pas en faire de même. Face à la passivité du gouvernement allemand à propos de ce sujet, les citoyens ont pris l’initiative de défier la situation restrictive. Malgré le fait que la consommation ne soit pas pénalisée, la vente, la culture et la possession de cannabis, elles, le sont. Les Germains obtiendront-ils de vraies réponses à leurs revendications ? Pour le moment, tout au moins, ils essayent d’être écoutés. Et ce qui est sûr, c’est qu’ils font assez de bruit.
Il y a deux ans, Lorenz Böllinger, professeur de droit pénal à l’Université de Bremen, a fondé le « Cercle de Schildow », un forum comptant plus de 120 professeurs allemands ayant pour objectif de demander une refonte de la légalisation concernant les drogues. À travers cette révision, ils prétendaient légaliser le cannabis, sa plantation, sa possession et sa vente en considérant que le problème résidait dans la politique juridique « restrictive » et non dans le cannabis.
“Non aux antécédents pénaux”
Les universitaires, parmi lesquels on compte Lutz Meyer-Gossner (ex-président du Tribunal fédéral) et Albin Eser (ex-directeur de l’Institut Max Planck de Droit Pénal International), ont signé une pétition visant à réformer la loi antistupéfiants. Postérieurement, en 2013, le groupe a demandé à la Chambre basse du parlement allemand de former une commission, avec la participation de tous les partis, qui analysera si la politique anti-drogue en vigueur est efficace ou non.
Ces jours-ci, le professeur a reçu le soutien du groupe Bündis90/Les verts et du Parti de Gauche pour encourager l’initiative. Pour qu’elle soit fructueuse, 120 votes sont nécessaires et les membres de ces deux parties en totalisent 127.
Böllinger considère que la légalisation des drogues douces est nécessaire pour que ses consommateurs cessent d’être criminalisés. Il croit fermement que si un jeune qui consomme du cannabis est condamné, cela laissera des antécédents pénaux sur son casier judiciaire et l’empêchera de choisir de bonnes alternatives de formation et d’emploi.
D’un autre côté, ce groupe défend le fait que la légalisation permettra de contrôler la qualité du produit et évitera les risques sanitaires, dans un pays où l’on estime qu’il y a environ six millions de consommateurs de cannabis.
La ville de la marihuana
Mais cela n’est pas la seule incitative lancée par la société civile pour contribuer à la lutte cannabique. L’été de l’année passée, des centaines de plantes de cannabis ont dominé la ville de Gotinga (au centre de l’Allemagne). Un collectif d’activistes en faveur de la légalisation du cannabis a dispersé des graines de cette plante dans des jardins, des pots et des espaces verts. L’exploit a été revendiqué par « Einige Autonome Blumenkinder, un groupe qui a affirmé avoir répandu plusieurs kilos de spores auparavant. Les autorités ne s’en sont rendu compte que des mois après et ont ordonné d’arracher toutes les plantes.
Le collectif a allégué qu’il s’agissait d’une protestation contre “la loi restrictive antidrogues” et qu’ils considèrent qu’il est nécessaire que le cannabis puisse être acheté de manière légale, comme l’alcool. Les Jeunesses Vertes de Gotinga ont soutenu l’action et ont assuré en avoir mené une qui est similaire – bien que de moindre importance – quelques mois avant seulement. Comme preuve de leur soutien, ils ont aussi organisé un concours de photographie durant lequel ils ont encouragé les participants à photographier « la grande beauté » des plantes.
Cette même année, dans le quartier rouge de Hambourg, la boutique « MediSeeds » de graines médicinales avait défié la loi en installant une machine distributrice de graines de cannabis. Son propriétaire a expliqué à une chaine télévisée du pays qu’il s’agissait d’une machine pour aider 70 personnes en Allemagne qui avaient besoin d’acheter du cannabis pour soulager les symptômes des maladies dont elles souffraient. Cependant, les autorités ont rapidement mis fin à l’initiative.
'Coffee shop' pour essayer le changement
Certains politiques ont décidé de soutenir les initiatives citoyennes, conscients du fait que ces derniers temps, le nombre de distributeurs de cannabis en Allemagne a augmenté. Cela concerne en particulier ceux qui, sans permis de séjour, se voient obligés de vendre du cannabis pour survivre, une situation qui peut parfois générer de la violence.
C’est pour cela que fin 2013, Monika Hermann, maire de Kreuzberg, a proposé l’ouverture d’un “coffee shop” légal grâce auquel il serait possible de contrôler la situation de violence et de harcèlement. L’initiative – applaudie par les citoyens – prétendait franchir des étapes de façon ferme afin d’en finir avec les affaires clandestines et la criminalité concernant la consommation de cannabis, et ce, en particulier dans le parc de Görlitzer (Berlin), un lieu qui est devenu le plus grand marché de vente de drogues du pays. Cependant, le sénat a rejeté l’idée.
La caravane - 'coffee shop'
C’est pourquoi, depuis le Maroc, l’allemand Oliver Becker a, cette année, lancé une vidéo expliquant ses intentions de vendre du hachis importé du Maroc dans le parc. Selon lui, il le fera avec sa fourgonnette – « coffee shop » mobile – au début de l’été.
Il explique que son intention est seulement de vendre quelques variétés de cannabis et de cannabis qui ne soient pas le fruit d’une culture utilisant la lumière artificielle et qu’il en importera en grandes quantités depuis le Maroc avec tous les certificats commerciaux et légaux qu’il pourra obtenir. En aucun cas, il ne vendra plus de cinq grammes par personne et les clients devront prouver avoir plus de 21 ans. Par contre, il est clair que si on l’empêche de mener à bien sa mission, il entreprendra une grève de la faim. Son projet a même un nom : « Holywoodstock ».
Un million d’euros pour la lutte cannabique
Comme si cela ne suffisait pas, la lutte cannabique allemande s’accentue un peu plus depuis que le célèbre activiste et président de l’Association Allemande de Chanvre, Georg Wurth, a gagné un million d’euros dans un jeu télévisé.
Bien évidemment, l’argent gagné sera destiné, comme l’a confirmé l’activiste, à la lutte pour la légalisation du cannabis. De manière plus concrète, à faire campagne pour que la politique allemande prenne en compte la nécessité de débattre sur les questions de dépénalisation et de légalisation. « L’interdiction du cannabis a échoué. Elle est destructrice et couteuse. Nous aimerions remplacer l’actuel marché noir par un marché régulé qui implique la jeunesse et qui protège le consommateur », a-t-il déclaré.
Pour l’instant, les initiatives citoyennes en Allemagne sont toujours en cours. Le groupe de professeurs universitaires qui a réclamé la dépénalisation continue d'œuvrer, non seulement à l’échelle nationale, mais aussi internationale. Et, bien sûr, la collecte de signatures pour lancer une pétition parlementaire a été encouragée depuis « Hanfverband », Association Allemande de Chanvre, et a le même objectif : que des amendements soient adoptés pour la loi sur les stupéfiants et que les délits liés à la consommation de cannabis soient dépénalisés.
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