En Suisse, le programme pilote sur le cannabis dévoile ses premiers résultats

En quoi consiste le programme pilote de la Suisse consacré au cannabis ?

Il y a quelques années, la Suisse a radicalement modifié sa politique en matière de drogues en légalisant le cannabis médical, lequel est aujourd'hui prescrit légalement pour le traitement de diverses maladies.

Cette décision a plus tard mené à la conduite d'une étude pilote consacrée à l'usage récréatif du cannabis, un programme lancé il y a six mois dans le but d'analyser l'impact potentiel de la légalisation du cannabis récréatif.

L'étude est actuellement menée dans plusieurs villes du pays, notamment Bâle, Zurich, Genève et Lausanne, où les participants sont aujourd'hui autorisés à acheter du cannabis dans des pharmacies spécifiques.

Ces mesures visent à éradiquer, ou du moins à endiguer le marché noir tout en offrant une sécurité accrue aux consommateurs. Le cadre juridique suisse permet le développement de cette étude dans des conditions strictes :

• Les produits à base de cannabis doivent être de haute qualité.
• Les consommateurs doivent être correctement informés des caractéristiques des produits qu'ils consomment.
• Les participants à l'étude doivent composer un échantillon représentatif de la population adulte consommatrice de cannabis, incluant diversité d'âge, de genre et de ressources socio-économiques, afin de retirer de cette recherche des données fiables et transposables à l'ensemble de la population. De plus, les participants sont soumis à des évaluations médicales constantes afin de prévenir tout risque pour leur santé.

Pendant une période déterminée, l'étude recueillera donc des informations détaillées sur les habitudes de consommation des participants, leurs préférences quant à la méthode de consommation (à travers les produits qu'ils choisissent) et l'impact sur leur santé.

Premiers résultats du programme pilote sur le cannabis en Suisse

L'analyse des données recueillies au cours de ces six derniers mois a permis aux chercheurs de souligner un changement dans les modes de consommation plébiscités par les participants au programme.

Avant de rejoindre l'étude, les individus sélectionnés optaient pour la combustion comme méthode de consommation privilégiée, un format qui, bien que très largement répandu, présente des risques importants pour la santé en raison des substances cancérigènes présentes dans la fumée inhalée.

Selon les premières conclusions des chercheurs, les participants montrent dorénavant une nette attirance pour des méthodes plus saines telles que les comestibles ou les extraits.

Ce changement pourrait être dû à plusieurs facteurs :

• Variété accrue des produits disponibles : Le programme pilote prévoit une plus grande variété de formats, notamment des fleurs, des comestibles et des extraits.
• Éducation et sensibilisation à la réduction des risques : L'une des prémisses de l'étude est une meilleure information des participants sur les risques associés à la consommation de cannabis. Cela inclut des informations détaillées sur les formats alternatifs qui présentent moins de risques pour la santé. De plus, les participants reçoivent des informations claires et détaillées sur la composition du cannabis et de ses dérivés, ainsi que sur les effets qu'ils peuvent en attendre, ce qui influence évidemment leurs choix.
• Meilleure qualité et sécurité : Tous les produits à base de cannabis disponibles dans le cadre du programme pilote suisse ont été approuvés selon des normes de qualité strictes. Cela inclut la culture biologique des variétés de marijuana proposées ainsi qu'un étiquetage correct des différents niveaux de THC et autres cannabinoïdes contenus dans chaque produit. La distribution de cannabis ou de produits dérivés à travers le réseau de pharmacies permet donc de garantir la sécurité des produits et une meilleure connaissance par les consommateurs de ce qu'ils achètent.

Quel impact ces changements pourraient-ils avoir en termes de santé publique ?

À mesure que le cannabis sort de l'ombre de l'illégalité, le public bénéficie de plus grandes garanties quant à sa qualité et de plus d'informations sur tout ce qui y a trait. Ainsi, comme nous venons de l'expliquer, des méthodes de consommation plus saines sont aujourd'hui plébiscitées.

Réduire l'inhalation de fumée pourrait diminuer significativement les maladies respiratoires. Notons qu'en Europe, les consommateurs ont tendance à mélanger le cannabis avec du tabac. Cette habitude augmente les risques associés au tabagisme tout en produisant une dépendance accrue.

Clairement, la réglementation, comme le montre cette étude pilote suisse, pourrait apporter des bénéfices positifs pour la santé publique.

Qu'en disent les experts ?

L'étude pour la légalisation totale de la marijuana en Suisse respecte des paramètres precis. Les participants, en majorité des hommes (80%) âgés de 18 à 76 ans, sont autorisés à acquérir jusqu'à 10 grammes de THC pur par mois.

Divers experts en santé publique ont déclaré les résultats encourageants, car outre les questions de santé physique, l'étude s'intéresse également à la santé mentale des participants.

Lavinia Baltes, codirectrice du projet "Weed Care" et chef du département de recherche d'une clinique psychiatrique de la ville d'Aargau, souligne d'ailleurs que l'objectif de cette étude est de promouvoir des méthodes de consommation qui présentent un risque moindre pour la santé mentale.

Elle indique en outre que l'interdiction de vente aux mineurs, les limitations des niveaux de THC et une meilleure information et éducation sur les risques pour la santé mentale des consommateurs pourraient s'avérer essentielles pour réduire les effets néfastes de l'abus de cannabis sur la santé mentale.

Conclusion

Les premières données du projet pilote suisse sont sans aucun doute prometteuses. Il semble donc que le pays pourrait bientôt rejoindre la liste en croissance constante des pays optant pour la légalisation totale du cannabis.

Des décennies de prohibition ont en effet prouvé leur inefficacité. En outre, il semble que la légalisation de la marijuana entraîne une consommation plus sûre et peut-être aussi plus modérée.

La consommation abusive de cannabis est due à plusieurs facteurs, notamment l'introduction dans la société occidentale d'une substance sans tradition d'usage, le manque d'informations causée par la prohibition, ainsi que la tendance à augmenter les niveaux de THC dans les génétiques.

Offrir des options de consommation plus sûres et une meilleure éducation sur les risques et les avantages associés au cannabis (et aux différentes méthodes de consommation) pourrait être la clé d'un avenir plus juste et plus sain. La régulation fonctionne manifestement (bien qu'il nous faille encore attendre pour voir comment ce cadre juridique progresse, aussi bien en Suisse que dans d'autres pays).