- Les médecins britanniques pourront prescrire certains produits à base de cannabis à partir du 1er novembre 2018.
- La décision a été appuyée par un rapport d’experts soutenant que la légalisation de l'usage thérapeutique du cannabis est une bonne chose.
- Le Gouvernement du Royaume-Uni affirme que ces mesures ne représentent absolument pas une avancée vers la légalisation du cannabis à des fins récréatives.
L'été dernier, le Royaume-Uni avait surpris le monde entier suite à l'annonce et au feu vert du Gouvernement à la possibilité de voir les médecins prescrire des produits dérivés du cannabis pour un usage thérapeutique et médicinal, une mesure qui entrera en vigueur dès le 1er novembre prochain. Ce changement dans la législation est lié à une bataille livrée par le jeune Billy Caldwell et sa mère, Charlotte, qui ont tourné les projecteurs vers un sujet primordial pour la santé de cet adolescent âgé de 13 ans. Billy Caldwell souffre d'un type d'épilepsie grave dont le symptôme principal se manifestera par une répétition de très fortes attaques épileptiques. Selon les nombreuses affirmations de la mère, l'huile de cannabis est un des rares remèdes permettant d'éviter les violentes attaques provoquées par la maladie.
La campagne menée, à l'origine de ce changement législatif favorable à l'usage d'un cannabis à usage thérapeutique, a été motivée par un événement s'étant déroulé à l'aéroport londonien d'Heathrow. Billy et sa mère revenaient alors d'un voyage au Canada. Dans leurs bagages se trouvait un flacon d'huile de cannabis acheté dans le pays nord-américain, mais à leur sortie de l'avion, les agents de sécurité de l'aéroport ont arrêté Billy et Charlotte Caldwell, les accusant d'avoir tenté de faire entrer de la drogue sur le territoire britannique. Sans pouvoir s'y opposer, le flacon contenant le remède de Billy leur a été saisi.
Quelques jours plus tard, Billy finissait aux urgences de l'hôpital suite à une attaque épileptique grave. Cet incident malencontreux, comme nous le racontait sa mère, pourrait avoir été évité grâce à l'usage du produit saisi quelques jours auparavant à l'aéroport. Face à cette situation, Charlotte Caldwell est parti en quête du soutien de l'opinion publique. Suite à une campagne réalisée sur les réseaux sociaux, ils ont obtenu d'importantes répercussions sociales et ont pu ouvrir un débat sur la fonction thérapeutique du cannabis. Les supports des Caldwell ont alors été très nombreux et l'argument le plus récurrent pour les sympathisants était qu'il était absurde de refuser l'accès à ces produits à des produits souffrant de certaines maladies, d'autant plus s'il est possible d'améliorer leur qualité de vie.
Par le passé, Billy avait déjà obtenu deux autorisations de consommation de produits dérivés du cannabis. La première d'entre elles lorsque le jeune homme suivait son traitement médical à Londres. La deuxième, en Irlande du Nord, où il habite actuellement avec sa mère. Cependant, ces mêmes autorisations ont été refusées à d'autres personnes dans des situations semblables. Ce côté arbitraire, faisant dépendre l'usage du produit du bon vouloir de l'organisme officiel, démontrait une inadéquation dans la régulation en vigueur pour répondre efficacement à cette situation.
La sagesse est de rigueur
Suite à l'incident de l'aéroport et avec une société soutenant la demande de Billy et sa mère, le Gouvernement britannique a finalement décidé de prendre note du sujet. C'est le ministre de l'Intérieur britannique lui-même, Sajid Javid, qui avait déclaré que le Royaume-Uni allait venir se joindre à la liste déjà longue de pays autorisant l'accès, par prescription médicale, à un usage thérapeutique du cannabis.
Cette décision répondait d'une part à une pression sociale, et d'autre part à la position défendue par certaines personnalités du milieu sanitaire. Un rapport publié par la Conseillère médicale en chef, Dame Sally Davies, signalait qu'il existait des preuves concluantes sur les bienfaits médicinaux du cannabis. Ensuite, le Conseil consultatif sur l'abus de drogues (CCAD) était chargé de rédiger la deuxième partie de ce même rapport afin de renforcer l'opinion de Dame Sally Davies, et celui-ci affirmait que l'autorisation de prescriptions de produits dérivés du cannabis serait une avancée positive. Avec ces opinions, ils signalaient un réel besoin de retirer les produits médicinaux dérivés du cannabis de l'Annexe 1 (produits ne renfermant aucune valeur thérapeutique reconnue), pour le placer dans l'Annexe 2 du Règlement sur l'abus des drogues. Grâce à cela, la valeur médicinale de ces produits était reconnue, et les recherches permettant d'en savoir davantage sur les bienfaits de la plante seraient facilitées.
En 2016 déjà, l'Agence de réglementation sur les médicaments et produits de santé (MHRA) avait remis en question le fait de considérer comme médicaments les produits renfermant du CBD dans ses composés. Depuis lors, la consommation de produits contenant cette substance a doublé, passant de 125 000 consommateurs en 2016 à plus de 200 000 en 2017. Différents destins attendaient cependant les produits à base de THC, et pour ceux-ci, la situation légale au Royaume-Uni est toujours aussi rigide et inflexible.
Avec ces précédents, une opinion publique favorable et des rapports concluants de la part des spécialistes de la Santé, le Gouvernement britannique s'est empressé de réaliser les modifications légales opportunes pour que les produits d'origine cannabique puissent être prescrits aux patients qui en auraient besoin. Une modification qui mettait fin à une longue interdiction datant de 1920.
Étape par étape
Parmi les initiatives annoncées par le Gouvernement du Royaume-Uni, le développement d'une définition explicite sur les produits médicinaux à base de cannabis est en cours. Cela sera géré par le Département de la Santé et l'Agence de régulation des médicaments et des produits de santé. Avec cette mesure, seuls les dérivés correspondant à cette définition pourront être considérés comme étant médicinaux, et par conséquent, pouvant être prescrits par les différents médecins.
Si Londres fait un pas important en ce qui concerne l'usage de cannabis médicinal, les autorités britanniques ont profité de l'occasion pour affirmer que les changements dans la législation sur le cannabis thérapeutiques n'impliqueront en rien une avancée pour une légalisation complète. De plus, l'intention des dirigeants est de garder le cannabis dans la liste des drogues de catégorie B, ce qui veut dire que la consommation et le trafic de cannabis peuvent, et pourront, toujours entraîner d'importantes sanctions, voire même, des peines de prison qui, dans les cas les plus graves, peuvent atteindre jusqu'à 14 ans.
Cette déclaration d'intentions sera cohérente avec la position traditionnellement défendue par le Parti Conservateur, duquel fait partie l'actuel Gouvernement britannique, opposé à toute avancée dans la législation sur l'usage du cannabis. En revanche, face à la position conservatrice des Tories, certains partis représentés au Parlement se sont toujours montrés favorables à une législation plus tolérante pour profiter des bienfaits offerts par le cannabis. C'est le cas de l'UKIP (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni), du parti Libéral Démocrate ou du Parti national écossais. La position du Parti travailliste, l'autre grande formation britannique avec le Parti Conservateur, est moins évidente puisqu'ils ont toujours montré une certaine ambiguïté sur le sujet.
Donc, dans un nouveau contexte d'évolution législative pouvant s'appuyer sur une opinion publique et certains partis favorables, certes minoritaires, mais de poids et présents dans les institutions, il ne serait pas surprenant de voir qu'à moyen terme, la législation avance vers des positions plus permissives pour les produits dérivés du cannabis et, pourquoi pas, vers une légalisation de l'usage récréatif du cannabis. Mais, outre nos hypothèses sur l'évolution d'une législation future, la réalité est que grâce à la ténacité d'une mère, à la pression de l'opinion publique et à preuves scientifiques incontestables, le Royaume-Uni autorisera bientôt des milliers de personnes à avoir recours à un usage médicinal d'un produit aussi naturel que le cannabis pour améliorer leur quotidien.
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